J’ai présenté ça à un cours. Je dis ça car j’ai rapidement compris que cela ne convenait pas du tout aux attentes. Voici donc la version de ce que vous ne devez pas faire à mon sens si vous passez le caffa. C’est un texte émotif, peu sérieux et qui parle de certaines pédagogies et de certains malaises qui existent au coeur de l’éducation nationale mais qui ne sont pas politiquement corrects. Jouons au jeu des multiples erreurs avec le texte qui suit. Bon courage
Table des matières
- Une entrée dans le métier d’enseignant placée sous le signe de l’entraide. 1
- Une expérience variée en lycée. 1
- Un renouvellement en profondeur de mes pratiques en Lycée professionnel 2
- Une démarche de projet sous le signe du numérique. 2
- Une aide apportée aux professeurs documentalistes. 2
- Conception de ressources numérique à destination des enseignants. 3
- La ludification des pratiques pédagogiques. 4
- Vers une officialisation de mon statut de formateur 5
- Se former pour progresser 5
- Observer pour évaluer les facteurs de réussites ou d’échecs. 5
- Tester pour ne rien regretter 5
« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles » Sénèque. C’est une citation qui fait sens car sous une certaine forme, mes choix se sont construits en fonction de cette volonté de dépassement et de ne pas rentrer dans les cases que l’on m’imposait et aller plus loin toujours plus loin. C’est aussi pour cela que j’ai décidé de passer le CAFFA. En quoi mon expérience peut-elle faire de moi un formateur ?
Dans un premier temps, je ferais un rapide récapitulatif des moments passés qui ont forgé des compétences de formateur. Puis, deux expériences significatives seront approfondies. Et avec le passé et le présent, le futur fait aussi partie de notre vie, nous irons vers une projection de mon avenir de formateur.
1. Une entrée dans le métier d’enseignant placée sous le signe de l’entraide
J’ai obtenu le CAPES de documentation en 2005 après une formation de quatre années en histoire (maitrise, master 1 actuel). Mon statut de professeur documentaliste me permet de travailler aussi bien en collège, en lycée qu’en lycée professionnel et j’ai eu l’occasion de le faire avec l’ensemble de ces publics au cours de ma carrière. C’est un choix volontaire.
a. Une expérience variée en lycée
De 2007 à 2012, j’exerce dans un lycée polyvalent où nous sommes trois enseignantes documentalistes au sein du CDI. A cette occasion, le travail en partenariat est fondamental pour faire avancer l’ensemble des élèves et des activités dans la bonne direction. Nous assumons conjointement avec une collègue la responsabilité d’un personnel en réadaptation. Référente numérique et référente culture, je monte des projets, des dossiers pour des subventions régionales et gère le site du lycée une année. La communication est au cœur de cette expérience dans cet établissement ainsi que le travail avec les pairs.
- Un travail avec un public allophone en collaboration avec les enseignants en collège
De 2012 à 2016, je travaille en collaboration avec le professeur de F.L.S. (Français Langue Seconde) dans le cadre d’une UPE2A (Unité Pédagogique pour Elèves Allophones Arrivants), au collège . A cette occasion, j’aide à l’organisation de l’UPE2A, met en place des cours complémentaires à ceux de ma collègue et aide les enseignants à ajuster leurs pratiques pédagogiques aux élèves allophones. Par la suite, le fait de communiquer sur les progrès ou les difficultés des élèves améliorent la capacité des enseignants à gérer les difficultés.
Après discussion avec l’enseignante responsable, je propose de faire 7 heures par semaine dans une matière qui apparait dans leurs emplois du temps sous le nom de français culture et civilisation (FCC) pour différencier de la dénomination FLE en vigueur dans l’établissement. Nous avons ainsi formé un partenariat pour répondre aux besoins des élèves, des professeurs mais aussi gérer le flux important d’élèves dans la structure, jusqu’à 40 collégiens une année. Aussi, je me suis formée en assistant à des cours de la collègue mais aussi lors de stages organisés par le casnav [1]ou par le rectorat et bien entendu…au contact des élèves primo-arrivants. J’ai pu tester une variété de pédagogies et pu aussi assister à d’autres solutions mises en place par mes collègues certifiées en FLE. Ainsi, j’ai pu voir les limites et les avantages des différentes formes de pédagogies. La reconnaissance de la langue d’origine, du travail et de l’effort des primo-arrivants me semblent un levier essentiel pour leur réussite scolaire et dans les apprentissages. Le travail de groupe, l’oral et la concertation avec les enseignants des autres disciplines se coordonnent pour donner du sens aux apprentissages. C’est un travail d’équipe qui nécessite une communication importante.
En 2020, j’obtiens la certification F.L.S. et propose une aide à la fois en direction des élèves mais aussi sur demande aux enseignants qui ont ses élèves.
c. Un renouvellement en profondeur de mes pratiques en Lycée professionnel
En 2018, j’intègre… Référente numérique pendant l’année 2019/2020, je propose des ressources aux collègues sur esidoc, le portail de ressources du CDI et propose des formations à la demande.
Mon aide, des conseils et des mini-formations aux collègues font partie de mon travail au même titre que mes autres missions (circulaire de 2017 des professeurs documentalistes). C’est un public qui arrive avec des difficultés et des enseignants qui font preuve d’inventivité, de réflexion et d’innovation pour les amener au maximum de leur potentiel. A ce titre, la conception de cours notamment en co-intervention permet d’appréhender de façon très différente la mise en activité des élèves et notamment dans les matières professionnelles. L’animation de ses activités se fait généralement à trois et nécessite de réfléchir à la fois à la place de chacun en fonction des personnalités et compétences mais aussi les modes d’évaluation de nos actions pour améliorer et fluidifier au maximum notre travail.
Ce parcours qui peut sembler hétéroclite, a néanmoins deux grandes lignes de force : le numérique et la pédagogie au service des apprenants.
2. Une démarche de projet sous le signe du numérique
a. Une aide apportée aux professeurs documentalistes
Curieuse et déterminée, j’ai suivi chaque année des formations dans le cadre du PAF ou de projets afin de pouvoir répondre de façon toujours plus fine aux demandes des professeurs comme des élèves. Je n’hésite pas à m’investir dans de nouveaux projets ou de nouvelles démarches pédagogiques. Ainsi, j’ai remplacé la coordonnatrice de réseaux afin de permettre aux réunions de se tenir. Je trouve en effet, fondamentalement important le travail de réseaux et l’occasion de pouvoir rencontrer les enseignants des autres établissements proches. C’est à mon sens une vraie valeur ajoutée parce que cela permet à la fois d’échanger des expériences, séances, idées qui ont marché mais aussi d’évoquer nos éventuels problèmes et d’avoir des solutions qui en émergent de façon collective.
C’est d’ailleurs lors d’un stage sur le logiciel documentaire BCDI que j’ai eu l’occasion de me voir proposer une nouvelle responsabilité : celle de support technique BCDI/ esidoc. Il s’agit d’aider les professeurs documentalistes mais aussi les responsables informatiques dans les établissements scolaires, à utiliser ou réparer leur logiciel. Cette mission, je la poursuis pour la troisième année.
A ce titre, j’utilise mon logiciel documentaire BCDI depuis ma préparation au CAPES. Et plus récemment, pendant le confinement, j’ai appris le maniement d’esidoc, le portail documentaire de bcdi sur le WEB. Je crois que ma véritable force dans ce domaine est le fait que… je lise les modes d’emploi, les lettres de mises à jour, toute la documentation qu’envoie l’éditeur de ce logiciel. Par ce fait, je suis maintenant support technique bcdi et esidoc pour deux départements pour l’instant (13 et 84). J’accompagne mes collègues professeurs documentalistes à travers les méandres d’un outil quotidien pour un CDI. Je réponds aux questions, aux difficultés qu’ils se posent de la manière la plus claire possible.
b. Conception de ressources numérique à destination des enseignants
C’est un sujet un peu vaste aussi je vais le subdiviser entre mon travail de formateur et d’aide pour la prise en mains des logiciels d’un côté et le numérique au service de la pédagogie de l’autre.
Mode d’emploi, vidéo d’utilisation, explications orales ou prise en main à distance d’un PC, je varie depuis des années les moyens de former mes pairs à l’utilisation des outils numériques. Je suis d’abord dans une démarche d’accompagnement actif. L’outil numérique est au service de la pédagogie mais parfois il est aussi d’une complexité importante pour chacun d’entre nous. Je ne me place pas en experte d’un domaine numérique très vaste mais en utilisatrice d’outils qui peuvent éventuellement servir à d’autres.
Après des formations continues, j’ai appris à réaliser des capsules vidéos et j’ai proposé de petits tutoriels à mes collègues.
Pendant le confinement, j’ai effectué des recherches sur internet pour communiquer sur des ressources pédagogiques, ludiques, éducatives pour chaque matière. Afin de mieux percevoir leurs besoins, j’ai relu l’ensemble des programmes du lycée professionnel afin d’adapter mes propositions de ressources, comme d’idées de séances.
Le numérique est au service de la pédagogie et non un frein. A ce titre, je n’hésite pas à animer des petites formations, cours particulier pour certains enseignants bloqués par le maniement de certaines fonctionnalités ou outils. Ainsi, je me forme en continue, faisant preuve de curiosité pour trouver des solutions.
Lors des confinements et notamment le premier en mars 2020, la mise en place de la continuité pedagogique a révélé les forces et les difficultés de chacun. A cette occasion, j’ai proposé des ressources pour créer des cours, des ateliers d’écriture, des ressources culturels…Ce fut aussi l’occasionde mettre en relation les programmes des différentes disciplines avec des propositions de seéances pédagogiques à faire en collaboration avec le professeur documentaliste. Ce document a été publié sur esidoc et sur le site académique des documentalistes.
- L’évaluation des pratiques pédagogiques
Dès le départ, la façon d’enseigner aux élèves m’a interpellée. Cours magistral, méthode active, pédagogie Freinet, Montessori, spiralaire ou tâche complexe, je trouve dans chaque méthode des avantages et des inconvénients. J’ai observé les différentes méthodes, testé ou interrogé des personnes plus âgées qui avaient eu telle ou telle méthode pour apprendre. Pendant des années, j’ai accumulé de façon empirique mes observations, les complétant par des recherches plus théoriques à certaines occasions. Ce goût de la connaissance théorique n’a jamais été formalisé et les théories se sont en partie désagrégées au fil du temps.
Jusqu’au jour où…je suis arrivée dans un établissement où les enseignants n’hésites pas à tester de nouvelles choses, à modifier leurs pratiques. Dans un premier temps, il y a eu un temps de légitimation de ma posture. Puis, peu à peu, certains collègues m’ont demandé des informations sur les aspects techniques et les avantages de telle ou telle pédagogie. Je me suis même retrouvée dans la situation quelque peu inconfortable (car avec peu de légitimité), d’observer une séance où une collègue testait le travail de groupe pour la première fois. Je l’ai interpellé sur les points positifs et négatifs de sa proposition, m’érigeant ainsi, sans le vouloir, en évaluateur d’un pair. Les documents proposés ainsi que le travail me semblaient un peu trop simple. Elle n’avait prévu au départ aucune restitution, évaluation et ce faisant, les élèves n’avaient pas d’objectifs précis. Toutefois, son idée de travail en constellation le permettait et même le rendait souhaitable d’une restitution commune. Elle avait prévu les groupes et donnait des documents adaptés, d’après elle, au niveau de chaque groupe. Ainsi, la notion de pédagogie différenciée était très clairement une véritable valeur ajoutée.
d. La ludification des pratiques pédagogiques
Dès mon année de stage, je m’intéresse à une forme un peu particulière de pédagogie : jouer pour apprendre. J’ai commencé par créer des petits scénarios pour favoriser la motivation des élèves. La ludification ou ludicisation (même si le terme n’est pas exactement synonyme) de la pédagogie, les jeux sérieux se rapprochent à mon sens de la tâche complexe. En effet, il s’agit à la fois de comprendre les règles mais aussi d’utiliser ses connaissances et compétences et enfin de travailler généralement en groupe.
Très rapidement, je me suis penchée en MPI (mesure physique et informatique) sur les notions de murder party : des énigmes, des indices au service d’un apprentissage. Avec la mode des escape game, j’ai testé des escape game pédagogiques comme ceux proposés par la fête de la science. Puis, j’en ai conçu pour différentes matières et notamment en sciences. Les enseignants de sciences proposés les énigmes et je proposais un cadre ludique. Cela me permettait aussi de valider des compétences info-documentaires et de favoriser la circulation au sein du CDI. Je propose des escape game coopératifs afin de favoriser l’entraide et la complémentarité des individus.
Si les enseignants adhérent sur le principe, beaucoup ne s’imaginent pas l’ampleur du travail et c’est ainsi que je me suis retrouvée à enseigner aux élèves la façon de monter un escape game dans le cadre de la co-intervention mathématiques/ enseignement professionnel. Les élèves sont en animation (AEPA) et doivent apprendre à concevoir toutes sortes d’animations pour tous les âges. Au vu de la mode actuelle de l’escape game, les enseignants m’ont demandé d’intervenir pour la réalisation. Le programme officiel de la section AEPA est très explicite : ils doivent concevoir, animer, encadrer et être capable de s’autoévaluer. Cette formation que j’ai faite est plus adapté à un public de première bac pro ou d’adultes qu’à des secondes. Dans un premier temps, j’ai fait tester au groupe un escape game en mathématiques que j’avais proposé l’année précédente. Ils avaient la consigne de tester l’escape game mais aussi de retenir les éléments à mettre en place pour la réalisation de leur propre escape game.
Après debriefing, ils ont travaillé avec l’enseignement de mathématiques à la réalisation des énigmes (des équations à résoudre sous forme de problèmes simples).
Ils ont ensuite constitué des groupes. Chaque groupe devaient réfléchir à un parcours dans le cadre général. En effet, pour chaque escape game, je propose des parcours différents et chaque groupe a sa part pour que la classe en entier réussisse. Chaque groupe doit constituer les éléments suivants :
– la petite histoire du groupe intégrée au récit d’ensemble
– les équations à résoudre
– La chaîne d’indices à trouver avec le lieu où chacun se trouve
– une feuille récapitulative de tous les éléments pour pouvoir mettre en place l’escape game à proprement parler.
Nous animons ces séances à trois enseignants, chacun s’occupant de son domaine de compétences. Je mets en place les grandes étapes à prévoir et aide les élèves sur la partie organisation. Ma collègue facilite la fluidité des groupes et leur apprend à travailler ensemble. Le collègue de mathématiques les aident pour les équations.
J’accompagne les élèves dans cette démarche pendant plusieurs semaines à raison d’une heure par semaine. Malheureusement ce projet sera arrêté par les demi-jauges dans les établissements scolaires. L’escape game n’a pu être testé. Si je pense que pour les adultes, notre fonctionnement pouvait permettre d’atteindre l’objectif de réalisation. Avec les élèves, il fallait beaucoup plus de cadre et un dossier déjà créé.
D’autres collègues sont venus me demander mon avis sur telle ou telle situation, m’instituant ainsi comme conseiller. Tout cela reste très informel et c’est un choix volontaire de ma part de rester un pair, quelqu’un à qui on demande conseil mais qui ne juge en aucun cas.
3. Vers une officialisation de mon statut de formateur
a. Se former pour progresser
Toutes ces expériences, ce chemin m’ont amené à cet instant et à ce CAFFA. Si j’ai toujours su que je voulais accompagner mes pairs et les aider pour favoriser la réussite des élèves, je n’ai compris qu’il y a quelques années que je me sentais prête aussi à être formatrice. Longtemps, j’ai conçu des séances, des séquences, des projets pour des jeunes en envisageant régulièrement comment je pourrais transmettre cela aussi à des adultes. Je me suis souvent demandé comment faire pour que tel ou tel projet, comme par exemple monter un escape game, soit adapté à un public d’enseignants ou de futurs enseignants.
b. Observer pour évaluer les facteurs de réussites ou d’échecs
Lors des formations auxquelles j’assistais, j’ai progressivement appris par l’observation les « techniques » qui marchaient et celles qui échouaient. J’ai cherché à comprendre pourquoi et en fonction de quels critères il y avait échec. Pourquoi un public désigné est souvent moins réceptif à une proposition de pédagogie en constellation ? Comment présenter une façon de faire avec les élèves sans risquer que les pairs se sentent infantiliser ? Et parfois même comment faire quand dans une formation sur candidature individuel, une personne connait déjà tout ce que l’on va présenter et parfois même mieux que nous ?
c. Tester pour ne rien regretter
Je n’ai pas trouvé toutes les solutions hormis pour la dernière question. C’est moi cette personne qui connait parfois tout sur un sujet comme ce fut le cas pour ma formation BCDI. J’ai appris à chercher des formations où je ne sais rien pour que la journée ne soit pas trop difficile pour mes formateurs et..j’ai décidé de passer le CAFFA, pour peut-être, à mon tour, tenter des trouver des solutions aux questions que je me suis posée si souvent sur le mode de fonctionnement des formateurs ou… échouer mais en tout cas, continuer à apprendre, à évoluer et à aider les gens qui m’entourent.
Pourquoi je veux devenir formateur ? Pour concevoir à un autre niveau des projets et aussi pour avoir d’autres regards pour évaluer mon travail et affiner ma pédagogie. C’est ainsi que je souhaite être toujours en alerte et réactive et ne surtout pas abandonner mais apprendre de mes erreurs et progresser pour proposer à mes pairs tous les résultats de cette curiosité, fondement de ma personnalité et de mon cheminement professionnel.
[1] Centres académiques pour la scolarisation des élèves allophones nouvellement arrivés (EANA) et des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs (EFIV)
1 commentaire
Arnaud · 26/10/2023 à 07:21
Merci pour avoir partagé votre rapport et votre experience.